Bienheureux Gérard Cendrier (1920-1945)
Un Ancien de Stan face aux nazis (promo 1937)
Gérard Cendrier naît à Paris le 16 juin 1920. Septième enfant d’une famille chrétienne de juristes, il fut baptisé en l’église Saint-Sulpice. Scout engagé, il est élève au Collège Stanislas de 1926 à 1937, du cours préparatoire à la terminale. Elève sérieux, appliqué, plein de bonne volonté, modeste, il est apprécié de ses professeurs, qui notent sur ses bulletins « désireux de bien faire » et « excellent sous tous rapports ».
Après son baccalauréat, il commence des études de droit avant d’entrer au noviciat franciscain à 19 ans. Il prend l’habit à Amiens, le lundi 23 octobre 1939, moment où il affirme : « Que ce soit pour m’unir au Christ, de plus en plus, jusqu’à mourir avec lui sur la Croix s’Il me le demande un jour. ». Il fait sa profession temporaire à Quimper le 17 décembre 1940.
Frère Gérard Martin, du nom de saint Martin de Tours, est requis pour le service du travail obligatoire (STO) en 1943 et part pour Cologne. Il se donne pour mission de résister spirituellement, en clamant et en manifestant la foi qui l’habite auprès de tous ses compagnons d’infortune.
Gérard est décrit par l’un de ses compagnons comme un être « loyal, dévoué, solennel » qui « visite les malades, relance les bonnes volontés, secoue les paresseux ». Il crée et fait vivre le réseau dit « des Alouettes », au sein de la mission Cologne-Rhénanie, qui a pour objectif de résister spirituellement dans les camps de travail. Il diffuse des informations obtenues par radio, aide à l’évasion de prisonniers de guerre.
Le décret du 3 décembre 1943, porté contre « l'activité de l'action catholique française parmi les travailleurs français dans le Reich » conduit à l'arrestation de tous ceux qui sont repérés pour leur activité chrétienne. Gérard Cendrier, avec un groupe de soixante-trois catholiques, est arrêté le 13 juillet 1944.
Déporté le 17 septembre 1944 à Buchenwald (matricule 81770), Gérard est envoyé le 11 novembre au Kommando de Langenstein, pour la construction d’une usine souterraine. Son dossier qui porte le nom de « résistance spirituelle » lui a valu cette affectation où la durée de vie est de deux à trois mois.
À bout de forces, il partage encore son pain avec un Russe qui avait faim, et comme ses amis le lui reprochent : « Donner de ton pain, c’est te suicider », il rétorque : « François d’Assise, mon Maître, n’aurait pas répondu autrement que je l’ai fait ».
Il explique à ses camarades de détention que leurs bourreaux sont à plaindre et invite ses amis à prier pour le salut de ceux-là mêmes qui les maltraitent : « Il faut les aimer. Ce sont des malheureux. »
La veille de la fête de la conversion de saint Paul, le 24 janvier 1945, à 10h30 du soir, il meurt d’épuisement dans la neige, en revenant de l’infirmerie où on ne l’avait pas admis.
Il avait dit simplement : « Je voudrais souffrir davantage pour que beaucoup trouvent le Christ sur le chemin de Damas. »
Il offrait aussi sa vie pour que son frère, resté en France, retrouve la foi.
Gérard Cendrier fait partie de la liste des 50 martyrs reconnus par l’Église catholique le 20 juin 2025.
Il sera béatifié le 13 décembre 2025 en la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Témoignages de ses camarades de captivité
« Si j’ai vu le diable dans les yeux de l’inspecteur de la Gestapo de Cologne, j’ai vu Dieu à travers les paroles et les agissements d’un saint. Son rayonnement dans le camp fut tout de charité, de joie et de dynamisme chrétiens. C’est un authentique martyr. ». Père Lucien Gaben
« Il avait parfois de saintes imprudences que seule une charité excessive lui dictait. Plusieurs fois, il a donné une tranche de son pain, et Dieu sait combien notre ration était maigre. Nous lui reprochions ses folies, par exemple en menaçant de ne plus lui donner la communion s’il ne recommençait pas à manger, ce à quoi il répondait : “Mais saint François, à ma place, n’aurait-il pas fait la même chose ?” (…) Ce souci d’imiter saint François, il l’a gardé jusqu’à la fin. (…) Nous avons obtenu qu’il arrête, mais au travail, il remplaçait toujours un camarade épuisé, et souvent sa bonté était mise à contribution (…) sa très grande charité et sa bonté ont précipité sa fin. (…) C’était un saint. » Un camarade de captivité.
« J’ai travaillé pendant plusieurs semaines avec Gérard dans un Kommando de creusement de l’usine souterraine. […] Surtout, lorsque nous nous répandions en malédictions contre les chefs d’équipe allemands et les gardiens qui nous malmenaient, souvent avec brutalité, il nous sermonnait avec douceur : ‘Tu as tort, disait-il à peu près, de les maudire. Il faut les aimer. Ce sont des malheureux ; et il faut, au contraire, accepter nos souffrances et les offrir à Dieu, en priant pour le salut de ceux qui nous font souffrir. C’est pour nous une occasion d’imiter le Christ dans sa passion : il a souffert beaucoup plus que nous’. Pour moi, comme pour beaucoup d’autres sans doute, Gérard Cendrier reste un modèle de sainteté, de loin le plus parfait que j’aurai eu l’occasion de connaître dans mon existence. ». Raymond Soulas, camarade de captivité.
« Il neigeait. En montant vers notre block 9, j’entends à mes côtés Gérard murmurer ces simples mots :’Demain, c’est la fête de la conversion de Saint Paul : je voudrais souffrir davantage, pour que mon frère, qui est incroyant, trouve, lui aussi, un chemin de Damas et rencontre le Christ’. » Un camarade de captivité.
Découvrez son chemin de foi, raconté dans le podcast réalisé par le diocèse de Paris
Les 49 autres martyrs du nazisme béatifiés le 13 décembre 2025
Ordre des Frères mineurs : Paul Le Ber (1920-1945), Joseph Paraire (1919-1945), André Boucher (1920-1945)
Prêtres diocésains : Raymond Cayré (1915-1944), Jules Grand (1905-1945), Maurice Rondeau (1911-1945), Antoine Charmet (1906-1945), Louis Doumain (1920-1944), Pascal Vergez (1910-1944), Pierre de Porcaro (1904-1945), René Giraudet (1907-1945), Jean Batiffol (1907-1945)
Scouts de France : Louis Didion (1917-1945), Robert Saumont (1919-1945), Bernard Morizot (1924-1945), Jean Bernier (1920-1945), René Boitier (1917-1945), Robert Défossez (1920-1945), Jean Préhu (1920-1945), Maurice-Philippe Bouchard (1916-1944), Raymond Louveaux (1913-1944), Gaston Raoult (1921-1945), Bernard Perrin (1921-1945), Eugène Lemoine (1920-1945), Robert Beauvais (1922-1945), Joël Anglès d’Auriac (1922-1944).
Jeunesse ouvrière chrétienne : Jean Lépicier (1921-1945), Bernard Lemaire (1920-1944), Maurice Grandet (1920-1944), René Ponsin (1923-1945), Claude-Colbert Lebeau (1922-1945), Jean Chavet (1922-1945), André Parsy (1922-1944), André Vallée (1919-1945), Henri Marrannes (1923-1945), Louis Pourtois (1919-1945), Camille Millet (1922-1945), Marcel Carrier (1922-1945), Alfredo Dall’Oglio (1921-1944), Marcel Touquet (1914-1945), Lucien Croci (1919-1945), Jean Mestre (1924-1944), Jean Perriolat (1920-1945), Henri Euzenat (1920-1945).
Compagnie de Jésus : Victor Dillard (1897-1945).
Séminaristes : Roger Vallée (1920-1944), Jean Tinturier (1921-1945), Jean Duthu (1921-1945).
Sources
https://dioceseparis.fr/frere-gerard-cendrier-franciscain.html
https://www.lavie.fr/idees/histoire/gerard-cendrier-apotre-de-la-resistance-spirituelle-82047.php
https://www.memoresist.org/resistant/gerard-cendrier/
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